Retraite : Bonus Malus, recette, decryptage

Rédigé le 01 mars 2019


La nouvelle stratégie pour les rachats de trimestres face au malus sur les retraites complémentaires

Vous vous interrogez sur l’opportunité de racheter des trimestres ? Attention, avec la mise en place du malus temporaire dans le nouveau le régime complémentaire Agirc-Arrco, les paramètres à prendre en compte pour évaluer l’intérêt de cette opération ne sont plus tout à fait les mêmes.

Un rachat de trimestres est intéressant pour ceux qui souhaitent partir à la retraite dès 62 ans mais qui n’ont pas réuni à cet âge suffisamment de trimestres pour bénéficier du taux plein. Jusqu’à présent, la stratégie consistait à racheter auprès du régime général la totalité de ses trimestres manquants pour pouvoir partir dès 62 ans avec une retraite de base calculée à taux plein. Cette opération permettait de percevoir également ses retraites complémentaires sans abattement, sans avoir un centime de plus à verser à ces régimes.

La mise en place d’un malus temporaire dans le nouveau régime complémentaire change un peu la donne. Car si vous partez à 62 ans après avoir racheté tous vos trimestres manquants, on vous appliquera systématiquement un abattement de 10% pendant 3 ans. Se pose alors la question de savoir si la solution qui consiste à racheter tous ses trimestres manquants est toujours payante. Ou, compte tenu du coût élevé d’un rachat, s’il ne vaut pas mieux racheter un trimestre de moins que le nombre de trimestres nécessaires pour obtenir le taux plein, de manière à subir un abattement viager de 1% plutôt qu’un malus temporaire de 10%.

Pour illustrer notre démarche, nous avons pris le cas d’un assuré né en mars 1959 dont le salaire brut est de 80.000 euros et auquel il manquera 6 trimestres pour partir en retraite le 1er avril 2021 à 62 ans. Les simulations ont été réalisées par Optimaretraite.

Sans rachat de trimestre, sa retraite s’élèvera à 48.109 euros par an.

S’il rachète les 6 trimestres qui lui manquent, sa retraite passe à 51.432 euros. Mais compte tenu du malus, il ne touchera que 47.872,60 euros, soit 3.559,40 euros de moins pendant 3 ans. Le rachat lui coûte 25.764 euros.

S’il ne rachète que 5 trimestres au lieu de 6, sa pension sera de 50.878 euros. Le rachat ne lui coûte que 21.470 euros.

Résultat : s’il rachète 5 trimestres au lieu de 6, il va perdre 554 euros de retraite par an, soit 11.806 euros sur la durée de versement de sa retraite, compte tenu d’une espérance de vie à la retraite de 21,31 ans. Mais en contrepartie, son gain immédiat est de 14.972 euros, ce qui correspond au coût d’un trimestre non déboursé (4.294 euros) et à l’absence de malus pendant trois ans (3.559,40 x 3). Au final, le gain total est de 3.166 euros. Evidemment, ce calcul ne vaut que pour cette espérance de vie à la retraite moyenne de 21,31 ans : le gain lié au rachat d’un trimestre en moins serait inférieur si la personne décède plus tard, jusqu’à se transformer en perte à partir de la 27ème année à la retraite.

Source : Capital

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Retraites complémentaires : un malus peut dissuader de prendre au plus tôt sa retraite

Verser pleinement les retraites dues un an plus tard que prévu... L'astuce imaginée par les partenaires sociaux pour rétablir les comptes de l'Agirc-Arrco ne plaira pas aux salariés nés à partir du 1er janvier 1957 (les autres sont exclus de ce dispositif), et qui auraient validé tous leurs trimestres (soit 166, par exemple, au titre de cette année-là) à compter du 1er janvier 2019.

Alors qu'ils pouvaient jusqu'ici raccrocher sans pénalité, ni au régime général, ni au régime complémentaire, ils se verront appliquer, s'ils décident de partir malgré tout à la retraite, un malus de 10% sur leurs pensions complémentaires, et ce durant trois ans. Ce n'est que s'ils acceptent de prolonger leur activité une année de plus que ce malus disparaîtra, et qu'ils partiront avec leur retraite normale. Et comme les partenaires sociaux n'ont pas voulu manier que le bâton, ils ont aussi prévu, pour ceux continuant à travailler au-delà d'un an, des bonus, eux aussi temporaires.

Ainsi, un cotisant travaillant deux ans de plus empochera, sa première année de retraite, un bonus de 10%. Gratification portée à 20% pendant un an pour trois années de travail supplémentaires; et à 30% pendant un an pour quatre années de rallonge. A noter: le dernier bonus de 30% sera aussi valable pour des cotisants qui auraient travaillé cinq ans de plus, pour raccrocher à 67 ans. Et il y aura un effet bénéfique supplémentaire, les années travaillées générant mécaniquement plus de droits à pension.

S'il tient à raccrocher au plus tôt, ce cadre devra dès lors se priver de 225 euros par mois pendant trois ans, soit une perte cumulée de 8100 euros... Une sanction assez lourde. En revanche, s'il joue le jeu et prolonge son activité de deux ans, il pourra percevoir 235 euros de plus par mois pendant un an, soit un total de 2820 euros. Le bonus maximal, obtenu à 66 ans et au-delà, atteignant 736 euros par mois pendant un an, soit 8832 euros au total. Plus il travaillera, plus sa pension globale, hors effet du bonus, augmentera: c'est ainsi qu'avec quatre années de cotisation supplémentaires, sa pension complémentaire passera de 2248 à 2454 euros par mois (+9%).

Le nouveau mécanisme pénalisera aussi les longues carrières, pouvant bénéficier d'un départ anticipé, dispositif qui permet de liquider ses droits à taux plein dès 60 ans. Eux aussi devront travailler une année de plus pour ne pas subir de malus de 10% pendant trois ans sur leur retraite complémentaire. Notre conseil, si vous décidez de prolonger votre activité: munissez-vous d’une attestation de situation que la Cnav vous fournira sur demande, et présentez-la à l'Agirc-Arrco. En l'absence, pour l'heure, de tout dispositif de communication entre le régime général et le régime complémentaire, vous pourriez sinon vous voir tout de même appliquer le malus…



Calculs réalisés par Sapiendo Retraite. (1) Cadre, au salaire annuel brut de 80 000 euros en fin de carrière. Taux plein à 62 ans à partir du 1.1.2019. Taux de remplacement de 60%, soit 48 000 euros brut par an. En gras : année de départ en retraite sans malus.

Source : Capital