Étude Randstad : le confort de vie au travail
passe avant la carrière
La crise a rebattu les cartes des rapports sociaux dans l’entreprise. Moins focalisés sur leurs carrières que sur leur confort de vie, les travailleurs sont devenus plus exigeants vis-à-vis de leurs employeurs à qui ils demandent plus d’efforts en matière de formation, de conciliation vie privée-vie professionnelle et d’éthique.
La question du sens à donner au travail persiste à tarauder employeurs, syndicalistes et décideurs politiques depuis la fin de la crise Covid. Emmanuel Macron l’a lui-même remise sur la table à l’occasion de sa conférence de presse du 16 janvier. Les travailleurs, de leur côté, semblent estimer que cette quête du sens passe par un sérieux rééquilibrage de leurs aspirations professionnelles en faveur de leur confort de vie, comme l’indiquent les résultats de la 21e édition de l’étude Workmonitor de Randstad réalisée à l’échelle de 34 pays en fin d’année 2023.
Le confort avant la carrière
L’ambition ? Elle n’est un moteur de motivation que pour 51 % des travailleurs français (et 56 % au niveau international). Et encore, elle est surtout revendiquée par les plus jeunes puisque 69 % des sondés appartenant à la génération Z – nés après 1997 – s’en réclament. A contrario, 47 % des répondants estiment ne pas se focaliser sur leur parcours professionnel, préférant pour 48 % d’entre eux demeurer à un poste qu’ils apprécient plutôt que d’évoluer dans leur carrière. Et la moyenne française est à peine moindre que l’échelle mondiale, où 51 % des sondés avouent faire le même choix. Conséquence : 37 % des travailleurs français (et 34 % au niveau international) ne souhaitent pas évoluer vers des fonctions d’encadrement.
À la progression dans leur entreprise, les travailleurs indiquent ainsi privilégier l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle (95 % en France, 93 % dans le reste du monde), la flexibilité des horaires de travail (83 % en France, 85 % au niveau international) et l’attention portée à la santé mentale. Une revendication particulièrement sensible en France puisque 93 % des travailleurs l’invoquent, contre « seulement » 82 % de leurs homologues internationaux.
Formation et éthique : les nouvelles exigences
Pour autant, les travailleurs ne sont pas devenus indifférents à leur avenir. Au contraire : ils sont 71 % en France à vouloir développer leurs compétences et en acquérir de nouvelles (72 % dans le monde) et 29 % seraient prêts à quitter leur entreprise si celle-ci ne les forme pas suffisamment, notamment aux nouvelles problématiques liées à l’IA.
Une exigence qui s’ajoute à celle liée à l’environnement de travail que, désormais, les salariés exigent plus équitable (49 % en France, 52 % à l’international) et davantage en conformité avec leurs valeurs et leurs opinions : 39 % des travailleurs français affirment ainsi qu’ils ne postuleraient pas chez un employeur aux points de vue opposés aux leurs, une proportion quasi identique au niveau mondial (38 %), ou qui ne se mobiliserait pas suffisamment pour renforcer la diversité et l’équité sur le lieu de travail (39 % chez les Français, 38 % dans le reste du monde).
L’égalité salariale entre hommes et femmes est également devenue un sujet de première importance : 74 % des travailleurs français exigent un rééquilibrage en faveur de ces dernières. Au niveau mondial, cette revendication est forte, mais un peu moins marquée (65 %).
Le télétravail « non négociable »
Changement de braquet oblige, la question du télétravail est devenue brûlante, au point de devenir source de démission en cas d’exigence de l’employeur de retour sur le lieu de travail. 24 % des travailleurs en France et 37 % dans le monde seraient prêts à claquer la porte en cas de demande de passer plus de temps au bureau.
Ils sont même près de 40 % (en France comme à l’international) à juger le travail à distance « non négociable »… ce qui n’empêche pas, paradoxalement, que, dans les faits, 32 % de ces travailleurs en France (et 35 % dans le monde) ont été priés, au cours des six derniers mois, de revenir plus fréquemment sur leur lieu de travail. Détournant ainsi la problématique du télétravail sur celle de la flexibilité des horaires.
Démission en cas d’insatisfaction ? Oui, mais…
Cependant, il serait faux de croire que les salariés ont complètement repris la main sur leur environnement de travail et les relations avec leur employeur. Avec la remontée du chômage et la fin de l’embellie post-Covid, les menaces de démission se font moins fortes dans les entreprises. En 2023, 55 % des sondés français affirmaient qu’ils quitteraient leur emploi s’ils ne s’y sentaient pas à leur place. 54 % à l’échelle internationale tenaient la même position… Sauf qu’un an plus tard, cette proportion était tombée, respectivement, à 22 et 37 %.
Publié le : 24.01.2024 | Benjamin d'Alguerre